Un patrimoine en danger !
Initialisé il y a plus de 20ans, le Sage a été animé par son organe de direction, la CLE,
qui s'est impliqué dans son
élaboration en contribuant à la préservation, la protection et la mise
en
valeur du Loiret. La mise en
place d’une nouvelle équipe en 2014, conjuguée à la mise en
œuvre d’une nouvelle réglementation sur l’eau a bouleversé la gestion
du Loiret
et du Dhuy.
I. La gestion de la CLE
La nouvelle
gouvernance a marqué
sa volonté de changement en organisant deux actions médiatisées :
le
contrat territorial et les assises du Loiret.
1.1 Le
contrat territorial
Le
contrat territorial est un outil de programmation
pluriannuel de travaux mis en place avec le concours de l’Agence de
l’Eau
Loire-Bretagne. Ce contrat de plusieurs millions
d’euros devait apporter des solutions miraculeuses au nom de la
continuité
écologique. Les acteurs ne reconnaissent plus
aujourd’hui la justification des actions
programmées, notamment la destruction du bassin de décantation de
Gobson, ou encore la destruction des barrages sur le Dhuy, alors que la
préservation de la ressource en eau devenait une priorité dans un
contexte de dérèglement climatique.
Les
conséquences apparentes de ces
destructions, notamment un Dhuy « à sec » réduisant à néant
toute
notion de continuité écologique, ou encore l’émergence d’un banc de
sable à la
confluence du Loiret, conduisent leurs décideurs à demeurer discrets,
ou à imaginer des réponses surréalistes : « Une rivière à sec
l’été, c’est normal ».
Ces destructions, réalisées sans concertation et sans curage préalable,
entraînent maintenant l’arrivée massive de sédiments dans le Loiret. Plusieurs milliers de tonnes
de sable retenus par les barrages depuis
des décennies se sont ainsi retrouvés à la confluence avec le Loiret.
De plus, la
suppression de Gobson génère désormais un apport régulier de sédiments.
Du fait de
son environnement urbanisé, le bassin amont du Loiret était déjà soumis
à un
risque important d’inondation par l’imperméabilisation des sols. La
destruction
des barrages a accentué la concentration du risque sur un habitat dense.
1.2 Les
Assises du Loiret
Les Assises du Loiret ont rapidement suscité l’intérêt du public. Ce
projet a dispensé une vision simplifiée de la bonne santé du Loiret : eau
claire =
bonne santé, herbiers et/ou matières en suspension = mauvaise santé. Il
était alors facile d'influencer le public avec la menace du réchauffement
climatique, une hypothétique baisse de la Loire, ou encore l’envasement
des bassins.
Cet
emballement a été ensuite désamorcé par
l’ambivalence du comportement de la CLE qui a orienté la consultation
de la
population vers un plan de rénovation préconçu arbitrairement sans
tenir
compte de la principale aspiration qui est le profond attachement de la
population aux bassins du Loiret.
En l'occurence, le
projet de la CLE consiste à vouloir transformer le Loiret et ses
bassins en une rivière ordinaire, rétrécie,
pour mettre en œuvre une hypothétique continuité écologique (dont la
doctrine est que rien ne doit contrarier l’écoulement d’un cours d’eau).
Cette
ingérable dichotomie entre le projet porté par la CLE et l’aspiration
populaire
a converti un succès programmé en fiasco difficile à assumer.
1.3
L’activisme de la DDT et l'obsession de l’ouverture des vannes de crue
Dans la
perspective de la conversion des bassins du Loiret en cours d’eau rapide, l’ouverture des vannes de crue (fonctionnelles depuis 2013 pour éviter
les crues, et devant n’être ouvertes qu’en cas de crue), constituait un
premier moyen d’action pour la DDT.
1.3.1 La campagne
d’ouverture des vannes d’avril
2019
Dès 2018, la
DDT a exercé des pressions répétées sur l’ASRL pour imposer l’ouverture
permanente des vannes de crue (alors que, rappelons-le, les vannes des
moulins sont déjà ouvertes toute l’année depuis 2007).
Une première
campagne d’ouverture des vannes de crue s’est déroulée en avril 2019,
confirmant que la vitesse de l’écoulement de l’eau ne s’accroissait pas
suffisamment pour permettre l’évacuation des sédiments.
Elle a
surtout eu un effet principal très négatif : l’abaissement significatif
du niveau des bassins, constaté et dénoncé par tous : promeneurs,
riverains, rameurs, pêcheurs et autres amoureux du Loiret.
Cette
campagne a montré d’une part que l’évacuation des sédiments est impossible avec
la seule ouverture des vannes de crue, mais surtout qu’elle mettait en danger
la survie même du site du Loiret.
Niant les
résultats de cette première expérience, la CLE et la DDT ont reproché
officiellement à l’ASRL (gestionnaire des ouvertures de vannes) d’avoir
mené
l’expérimentation à un mauvais moment et sans discernement.
Cette
expérimentation a cependant permis une conclusion définitive : le
Loiret
ne peut exister sans ses bassins.
1.3.2 La campagne
d’ouverture des vannes de
janvier/mars 2020
La DDT a
repris et intensifié ses pressions sur l’ASRL, allant jusqu’à lui ordonner fin
2019 l’ouverture des vannes de crue, en la menaçant d’amende.
Notre
association s’est alors opposée à la mise en œuvre de ces menaces et a déposé 2
recours contre cet ordre illégal.
Déterminée à
atteindre ses objectifs, la DDT a finalement obtenu l’accord du bureau de
l’ASRL pour une campagne d’ouverture des vannes de crue pendant tout le premier
trimestre 2020.
Cette
nouvelle campagne, qui s’achève, est tout aussi illégale que celle d’avril
2019.
Elle est
accompagnée de prélèvements et mesures scientifiques, qui prouvent que
l’ouverture des vannes de crue ne permet pas une accélération suffisante de la
vitesse de l’eau pour emporter en aval les sédiments des bassins.
Pire, elle
ne permet même pas le transport de toutes les matières en suspension provenant
du Dhuy, qui continuent à se déposer juste en aval de la confluence
Dhuy-Loiret.
L’objectivité
des résultats devrait conduire la DDT et la CLE à renoncer à leur chimérique projet
de transformation du Loiret en rivière « accélérée ».
Malgré
ces constats, rien n’est encore acquis compte-tenu des convictions et doctrines
portées par ses décideurs.
II. Notre Loiret
Le Loiret
est un cours d’eau atypique puisqu’il est alimenté par des eaux
souterraines
issues d’un réseau karstique qui trouve ses principales origines dans
les
infiltrations de la Loire en amont d’Orléans, ainsi que par des eaux
superficielles provenant du ruissellement direct dans les bassins, mais
aussi
du Dhuy, véritable artère drainant les eaux du val agricole à l’est
d’Orléans.
Très vite,
les hommes ont aménagé le marécage d’origine pour en vivre en le
cultivant et
en utilisant l’énergie hydraulique. La construction empirique des
chaussées et
des bassins s’est particulièrement développée du VIème au XVIème siècle
en
permettant l’exploitation des ressources naturelles et en développant
le
caractère majestueux de la source principale, le Bouillon.
Le Loiret
est donc un extraordinaire écosystème aquatique exclusivement
artificiel que l’homme a construit sur un millénaire
et dont les 2 principales caractéristiques sont :
- Son
alimentation mixte, karstique et superficielle,
- Ses
bassins successifs, qui font pression sur la nappe souterraine notamment pour faire émerger les sources du Parc Floral.
Toutes les
études menées depuis 1802 (rapport Rigollot) et jusqu’au rapport ICERE de 2011
confirment et détaillent scientifiquement ce fonctionnement exceptionnel (voir
BIBLIO).
C’est
d’ailleurs cette originalité, conjuguée à un urbanisme élégant des moulins du
XVème siècle, des maisons du XIXème siècle et de sa faune et flore préservées,
qui l’a conduit à être classé non seulement aux monuments historiques mais
également au patrimoine mondial de l’Unesco.
III. Nos propositions pour le Loiret
C’est cet
environnement merveilleux, résultat d’une œuvre humaine étalée sur plus d’un
millénaire, que nous voulons sauvegarder.
L’histoire,
la géographie, l’hydrologie, la faune la flore et le patrimoine sont des
paramètres qui militent tous pour la préservation du Loiret dans sa
représentation actuelle.
Notre
association s’oppose donc aux projets d’îles et de banquettes, qui visent à rétrécir
drastiquement les bassins, d’abord de Saint Samson et Paul Foret et par la
suite de St Julien et des Tacreniers, projets qui ne feraient qu'augmenter le risque d'inondation.
Elle
s’oppose au projet de baisse permanente du niveau d’eau dans l’espoir illusoire
d’emporter les sédiments jusqu’à la Loire.
Ce serait la
mort de nos fabuleux paysages, la suppression de la pratique du canotage et de
l’aviron et la diminution de la faune piscicole. Ce serait également mettre à
mal les fondations de toutes les constructions proches de la rivière.
Notre association
milite en revanche pour :
- La
construction d’un ou plusieurs systèmes de décantation des sédiments apportés
par le Dhuy, ou tout autre système innovant, afin d’éviter leur injection
massive dans le Loiret.
- Le
nettoyage (ou curage) des sédiments uniquement aux endroits où cela est
nécessaire aujourd’hui.
- La lutte
contre les herbes invasives, seulement quand cela est nécessaire, sans
surinvestissement financier, car nous constatons que ce phénomène naturel
commence à se réguler de lui-même.
- La
préservation du club d’aviron, ambassadeur de la rivière auprès du plus grand
nombre et qui contribue à la valorisation du site.
- La
préservation de la faune piscicole et de la pêche.
- La renaissance de nos moulins, dans un contexte de transition énergétique.
Et enfin, le
retour à une gestion concertée, harmonieuse et non destructive, du site
historique du Loiret, à laquelle nous sommes prêts à participer.
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