Les banquettes...
A
plusieurs reprises dans des réunions ou des assemblées générales, la
technique des banquettes a été présentée comme LA solution aux
problèmes du Loiret.
Selon les assises, et/ou la commission locale de l'eau, il faudrait "ouvrir les vannes en permanence",
"éliminer des ouvrages", "rétrécir le lit du Loiret avec la mise en
oeuvre de banquettes et d'iles", ainsi on pourrait "créer des
cheminements adaptés et des aménagements ludiques"...
(exemple de la présentation à l'AG du Brochet Olivetain du 11/02/2018 pages 22 à 30)
consultable aussi en ligne : https://lebrochetolivetain.wordpress.com/2018/02/12/compte-rendu-de-lassemblee-generale-2018/
On
nous présente le schéma ci-contre pour montrer le
principe de la renaturation, avec la mise en œuvre de banquettes, en
nous expliquant
que « ça accélère le
courant
et le
transport des sédiments », avec des expressions et des
mots à
résonance scientifique comme « continuité écologique,
biodiversité, résilience ».
Mais
les objectifs quantitatifs et les résultats attendus ne sont pas
affichés.
Alors, banquettes
et/ou iles, nous avons essayé de comprendre et de calculer
les avantages et les inconvénients de ce relookage artificiel. |
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Tout
d'abord, les dépôts et remblais ne sont pas autorisés dans le Loiret,
PPRI oblige (Plan de Prévention des Risques d'Inondation). Il ne reste
donc que la possibilité de déplacer la vase, en sachant que c'est une
opération mécanique impactant fortement le milieu aquatique. Ensuite,
il faut trouver un moyen pour retenir la vase dans la banquette sans
apporter des matériaux supplémentaires dans le cours d'eau. Nous
prendrons l'hypothèse d'une vase "dure", hypothèse non vraisemblable
car les vases du Loiret sont plutôt "malléables" sinon "molles", mais
bon, ce n'est qu'une hypothèse...
Prenons
l'exemple d'un bassin large de 70m avec 50cm de vase et 1m d'eau (caractéristiques assez
proches de plusieurs zones du Loiret) pour un débit de 1 m3/s en période de
basses-eaux, et un niveau d'eau qui augmente de 0,4m en période de
crue avec un débit de 8m3/s (circonstance assez rare sur le Loiret, en général une fois par an pendant 2 ou 3 jours).
On décide de déplacer la
vase sur un côté, opération qui s'apparente à un curage mécanique, de façon à créer une banquette émergée en
basses-eaux, mais submersible en hautes-eaux pour ne pas
accentuer la montée des eaux en cas de crue.
C'est la vitesse qui est déterminante dans le transport des sédiments (sable et vase).
La
vitesse du courant est
égale au débit divisé par la section.
Dans l'exemple :
En
crue, avec ou sans banquette, la
vitesse est égale à 8m3 / 98m2 = 8cm/s.
En basses eaux sans
banquette, la vitesse est égale à 1m3 / 70m2 = 1,4cm/s.
En basses eaux avec
banquette, la vitesse est égale à 1m3 / 75m2 = 1,3cm/s.
Les banquettes n'augmentent pas la vitesse du courant
Si
cet exemple reste théorique, la lecture du diagramme ci-contre montre
qu'il est illusoire de croire à l'évacuation naturelle de tous les
sédiments qui arrivent dans le Loiret, et encore moins à la réduction du stock accumulé depuis des dizaines d'années. Seules les matières les plus fines sont transportées vers l'aval.
De plus, le Loiret comporte des zones plus larges et plus profondes que
l'exemple ci-dessus, ce qui réduit encore plus la vitesse du courant (mesures Cadastre.gouv) :
Auchan = 80m Poutyl = 100m Quetonnière = 100m Tacreniers = 100m
Diagramme de transport des sédiments en fonction de la vitesse et de la granulométrie -->
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La vitesse du courant est insuffisante pour évacuer les sédiments
Il faut aussi rappeler que les banquettes, même avec un courant faible, restent des obstacles qui
créent des contre-courants et favorisent les atterrissements vaseux immédiatement à
l'aval. |
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Les banquettes ne sont pas la solution
au problème de l'ensablement et de l'envasement.
A noter, les banquettes ont des contraintes d'entretien liées au risque d'inondation :
- Contenir la végétation, enlever les déchets et le bois mort qui
pourraient créer des embâcles.
- Eviter les objets et le mobilier qui pourraient être emportés.
Et la biodiversité ? Un paradis pour les ragondins...
Enfin, modifier notablement le paysage du Loiret, via des banquettes et des îles, qui
de plus seraient " végétalisées ", est en contradiction formelle
avec la protection de ce paysage qui est totalement inclus, depuis
1995, dans sa ZPPAUP ! Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et
Paysager de la rivière Loiret .
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