500 rue Francis Perrin
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Chrono 12/03/2020
 
Un patrimoine en danger !


Initialisé il y a plus de 20ans, le Sage a été animé par son organe de direction,  la CLE, qui s'est impliqué dans son élaboration en contribuant à la préservation, la protection et la mise en valeur du Loiret. La mise en place d’une nouvelle équipe en 2014, conjuguée à la mise en œuvre d’une nouvelle réglementation sur l’eau a bouleversé la gestion du Loiret et du Dhuy.

I. La gestion de la CLE

La nouvelle gouvernance a marqué sa volonté de changement en organisant deux actions médiatisées : le contrat territorial et les assises du Loiret.

1.1 Le contrat territorial

Le contrat territorial est un outil de programmation pluriannuel de travaux mis en place avec le concours de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. Ce contrat de plusieurs millions d’euros devait apporter des solutions miraculeuses au nom de la continuité écologique. Les acteurs ne reconnaissent plus aujourd’hui la justification des actions programmées, notamment la destruction du bassin de décantation de Gobson, ou encore la destruction des barrages sur le Dhuy, alors que la préservation de la ressource en eau devenait une priorité dans un contexte de dérèglement climatique.

Les conséquences apparentes de ces destructions, notamment un Dhuy « à sec » réduisant à néant toute notion de continuité écologique, ou encore l’émergence d’un banc de sable à la confluence du Loiret, conduisent leurs décideurs à demeurer discrets, ou à imaginer des réponses surréalistes : « Une rivière à sec l’été, c’est normal ».

Ces destructions, réalisées sans concertation et sans curage préalable, entraînent maintenant l’arrivée massive de sédiments dans le Loiret. Plusieurs milliers de tonnes de sable retenus par les barrages depuis des décennies se sont ainsi retrouvés à la confluence avec le Loiret. De plus, la suppression de Gobson génère désormais un apport régulier de sédiments.

Du fait de son environnement urbanisé, le bassin amont du Loiret était déjà soumis à un risque important d’inondation par l’imperméabilisation des sols. La destruction des barrages a accentué la concentration du risque sur un habitat dense.

1.2      Les Assises du Loiret

Les Assises du Loiret ont rapidement suscité l’intérêt du public. Ce projet a dispensé une vision simplifiée de la bonne santé du Loiret  : eau claire = bonne santé, herbiers et/ou matières en suspension = mauvaise santé. Il était alors facile d'influencer le public avec la menace du réchauffement climatique, une hypothétique baisse de la Loire, ou encore l’envasement des bassins.

Cet emballement a été ensuite désamorcé par l’ambivalence du comportement de la CLE qui a orienté la consultation de la population vers un plan de rénovation préconçu arbitrairement sans tenir compte de la principale aspiration qui est le profond attachement de la population aux bassins du Loiret.

En l'occurence, le projet de la CLE consiste à vouloir transformer le Loiret et ses bassins en une rivière ordinaire, rétrécie, pour mettre en œuvre une hypothétique continuité écologique (dont la doctrine est que rien ne doit contrarier l’écoulement d’un cours d’eau).

Cette ingérable dichotomie entre le projet porté par la CLE et l’aspiration populaire a converti un succès programmé en fiasco difficile à assumer.

1.3 L’activisme de la DDT et l'obsession de l’ouverture des vannes de crue

Dans la perspective de la conversion des bassins du Loiret en cours d’eau rapide, l’ouverture des vannes de crue (fonctionnelles depuis 2013 pour éviter les crues, et devant n’être ouvertes qu’en cas de crue), constituait un premier moyen d’action pour la DDT.

1.3.1   La campagne d’ouverture des vannes d’avril 2019

Dès 2018, la DDT a exercé des pressions répétées sur l’ASRL pour imposer l’ouverture permanente des vannes de crue (alors que, rappelons-le, les vannes des moulins sont déjà ouvertes toute l’année depuis 2007).

Une première campagne d’ouverture des vannes de crue s’est déroulée en avril 2019, confirmant que la vitesse de l’écoulement de l’eau ne s’accroissait pas suffisamment pour permettre l’évacuation des sédiments.

Elle a surtout eu un effet principal très négatif : l’abaissement significatif du niveau des bassins, constaté et dénoncé par tous : promeneurs, riverains, rameurs, pêcheurs et autres amoureux du Loiret.

Cette campagne a montré d’une part que l’évacuation des sédiments est impossible avec la seule ouverture des vannes de crue, mais surtout qu’elle mettait en danger la survie même du site du Loiret.

Niant les résultats de cette première expérience, la CLE et la DDT ont reproché officiellement à l’ASRL (gestionnaire des ouvertures de vannes) d’avoir mené l’expérimentation à un mauvais moment et sans discernement.

Cette expérimentation a cependant permis une conclusion définitive : le Loiret ne peut exister sans ses bassins.

1.3.2   La campagne d’ouverture des vannes de janvier/mars 2020

La DDT a repris et intensifié ses pressions sur l’ASRL, allant jusqu’à lui ordonner fin 2019 l’ouverture des vannes de crue, en la menaçant d’amende.

Notre association s’est alors opposée à la mise en œuvre de ces menaces et a déposé 2 recours contre cet ordre illégal.

Déterminée à atteindre ses objectifs, la DDT a finalement obtenu l’accord du bureau de l’ASRL pour une campagne d’ouverture des vannes de crue pendant tout le premier trimestre 2020.

Cette nouvelle campagne, qui s’achève, est tout aussi illégale que celle d’avril 2019.

Elle est accompagnée de prélèvements et mesures scientifiques, qui prouvent que l’ouverture des vannes de crue ne permet pas une accélération suffisante de la vitesse de l’eau pour emporter en aval les sédiments des bassins.

Pire, elle ne permet même pas le transport de toutes les matières en suspension provenant du Dhuy, qui continuent à se déposer juste en aval de la confluence Dhuy-Loiret.

L’objectivité des résultats devrait conduire la DDT et la CLE à renoncer à leur chimérique projet de transformation du Loiret en rivière « accélérée ».

Malgré ces constats, rien n’est encore acquis compte-tenu des convictions et doctrines portées par ses décideurs.

 

II. Notre Loiret

Le Loiret est un cours d’eau atypique puisqu’il est alimenté par des eaux souterraines issues d’un réseau karstique qui trouve ses principales origines dans les infiltrations de la Loire en amont d’Orléans, ainsi que par des eaux superficielles provenant du ruissellement direct dans les bassins, mais aussi du Dhuy, véritable artère drainant les eaux du val agricole à l’est d’Orléans.

Très vite, les hommes ont aménagé le marécage d’origine pour en vivre en le cultivant et en utilisant l’énergie hydraulique. La construction empirique des chaussées et des bassins s’est particulièrement développée du VIème au XVIème siècle en permettant l’exploitation des ressources naturelles et en développant le caractère majestueux de la source principale, le Bouillon.

Le Loiret est donc un extraordinaire écosystème aquatique exclusivement artificiel que l’homme a construit sur un millénaire et dont les 2 principales caractéristiques sont :
-
Son alimentation mixte, karstique et superficielle,
-
Ses bassins successifs, qui font pression sur la nappe souterraine notamment pour faire émerger les sources du Parc Floral.

Toutes les études menées depuis 1802 (rapport Rigollot) et jusqu’au rapport ICERE de 2011 confirment et détaillent scientifiquement ce fonctionnement exceptionnel (voir BIBLIO).

C’est d’ailleurs cette originalité, conjuguée à un urbanisme élégant des moulins du XVème siècle, des maisons du XIXème siècle et de sa faune et flore préservées, qui l’a conduit à être classé non seulement aux monuments historiques mais également au patrimoine mondial de l’Unesco.

 

III. Nos propositions pour le Loiret

C’est cet environnement merveilleux, résultat d’une œuvre humaine étalée sur plus d’un millénaire, que nous voulons sauvegarder.

L’histoire, la géographie, l’hydrologie, la faune la flore et le patrimoine sont des paramètres qui militent tous pour la préservation du Loiret dans sa représentation actuelle.

Notre association s’oppose donc aux projets d’îles et de banquettes, qui visent à rétrécir drastiquement les bassins, d’abord de Saint Samson et Paul Foret et par la suite de St Julien et des Tacreniers, projets qui ne feraient qu'augmenter le risque d'inondation.

Elle s’oppose au projet de baisse permanente du niveau d’eau dans l’espoir illusoire d’emporter les sédiments jusqu’à la Loire.

Ce serait la mort de nos fabuleux paysages, la suppression de la pratique du canotage et de l’aviron et la diminution de la faune piscicole. Ce serait également mettre à mal les fondations de toutes les constructions proches de la rivière.

Notre association milite en revanche pour :

- La construction d’un ou plusieurs systèmes de décantation des sédiments apportés par le Dhuy, ou tout autre système innovant, afin d’éviter leur injection massive dans le Loiret.

- Le nettoyage (ou curage) des sédiments uniquement aux endroits où cela est nécessaire aujourd’hui.

- La lutte contre les herbes invasives, seulement quand cela est nécessaire, sans surinvestissement financier, car nous constatons que ce phénomène naturel commence à se réguler de lui-même.

- La préservation du club d’aviron, ambassadeur de la rivière auprès du plus grand nombre et qui contribue à la valorisation du site.

- La préservation de la faune piscicole et de la pêche.

- La renaissance de nos moulins, dans un contexte de transition énergétique.

 Et enfin, le retour à une gestion concertée, harmonieuse et non destructive, du site historique du Loiret, à laquelle nous sommes prêts à participer.